Il y avait aussi le petit logement de la maîtresse, qui nous intriguait beaucoup parce que c'était un domaine privé où l'on n'avait pas le droit de pénétrer. Le tout se composait d'un grand lit de cuivre, d'une petite table et d'une armoire. L'odeur de sa cuisine, à l'heure du midi, nous fascinait et on essayait de deviner ce qu'elle pouvait bien manger.


Aux heures de récréation les jeux étaient peu nombreux: on jouait à la balle, aux camps, à la "tag". Les plus jeunes jouaient à la marelle.

Tous les cours se donnaient dans la même classe: du cours préparatoire à la cinquième année. L'institutrice qui enseignait par vocation pour un salaire de cent cinquante dollars par année, s'intéressait à chacun de nous en particulier. Elle connaissait nos faiblesses et ne comptait pas les heures de travail. Si un élève avait de la difficulté, elle le gardait après la classe pour mieux lui expliquer. Elle était fière de ses chers élèves, surtout lors de la visite de l'inspecteur.

Et parlons du grand examen de fin d'année; c'était tout un événement. Pour cette occasion, le grand ménage de la classe se préparait une semaine à l'avance. Tous y mettaient la main et tout était frotté, astiqué à la brosse à plancher. Les parents et voisins envoyaient des bouquets de fleurs pour décorer l'école. Des rangées de chaises, empruntées dans le voisinage, garnissaient le tour de la classe. Pour les parents qui venaient constater le progrès de leur progéniture, c'était l'événement général, Les mères confectionnaient aux petites filles des robes de coton. Elles nous plaçaient des rubans dans les cheveux, et nos souliers bien reluisants faisaient ressortir l'éclat de nos bas blancs. Les prix de fin d'année s'alignaient sur une petite table. À la hâte, on procédait à une dernière répétition de l'accueil réservé aux visiteurs.

Enfin, l'attente épuisante prenait fin. Monsieur le curé accompagné des commissaires débouchaient au bout du rang. Le coeur voulait sortir de nos poitrines juvénilles tellement il battait fort. Tous ensemble, après le coup de claquoir, on était debout comme des soldats et en une seule vocalise, on s'écriait: "Bonjour Monsieur le Curé". Là, le supplice commençait avec les questions et les réponses qui nous étouffaient dans la gorge, hésitant et baffouillant sur des mots que l,on connaissait pourtant bien. Nous étions tous impressionnés devant ce trêtre àl'allure austère.

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