Ce matin, j'ai entendu la déneigeuse dans la rue,
le tracteur qui déblaie les entrées des résidences de mon quartier est passé très tôt,
le vent sifflait dans les arbres et la radio annonçait la fermeture
des écoles pour la journée.Je n'ai donc pas été surpris de voir les sapins tous blancs, dans la montagne derrière la maison. La côte du "bonhomme sept heures", comme les enfants la surnomment, était vierge des traces de traîneaux ou de planches à neige qui la caractérisent en cette saison. Une bonne dizaine de centimètres de neige fraîche et volage nous sont tombés durant la nuit, et ça continue.. Le vent qui s'est mis de la partie nous a mijoté une tempête
comme je les aimais lorsque j'étais adolescent et que tous les prétextes étaient bons pour
manquer une journée d'école. Dans la rue, deux piétons le visage grimaçant pincé par le froid
et cinglé par le vent, enjambent à pas accélérés, les lames de neige formées par la poudrerie
depuis le passage de la charrue.Le mercure doit osciller aux alentours de -25 Celcius et on ne verra probablement pas le soleil avant demain. Mais la vie continue et il faudra bien affronter les éléments pour aller travailler. Emmitouflé dans des vêtements chauds, le visage à peine visible, "wrooom" je démarre la souffleuse à neige et j'entreprends de déblayer l'entrée.
Depuis près de 10 ans, la petite "Honda" fait ce travail à chaque tempête. Elle en a avalé de
la neige depuis le temps!... Enfin, un corridor assez large pour passer la Jeep et me voilà prêt
à partir pour Rimouski. La circulation est au ralenti et la route enneigée et glissante par endroits. La visibilité dans la courbe du "Petit Lac" est quasi nulle et, comme ça arrive souvent, il y a une automobile dans le décor.À la radio, chroniqueurs et animateurs ne cessent de répéter: "les écoles sont fermées ce matin"; "la route 132 est bloquée à la hauteur de St-Fabien, par le renversement d'un camion"; "le boulevard du Sommet n'est pas recommandable, la visibilité est nulle à certains endroits."; "l'autoroute 20 est fermée à la hauteur de Montmagny". Presque toujours les mêmes messages à chaque tempête, les mêmes routes fermées, les mêmes secteurs peu recommandables.
Arrivé en ville, la chaussée est plus ou moins déblayée mais les employés municipaux font tout leur
possible pour minimiser les effets de la tempête. Les déneigeurs privés font des pieds et des mains pour permettre à leurs clients de sortir leur automobile pour se rendre au travail. Ils reviendront cet après midi pour faciliter leur retour et quand la tempête sera terminée, ils passeront une dernière fois pour effacer les derniers résidus de la tempête. Ce sera la valse des déneigeuses toute la journée.Le trafic est au ralenti et, sur le coin d'une rue, un automobiliste a enlisé sa voiture, immobilisant la circulation à cet endroit. Heureusement qu'il n'y a pas d'autobus scolaires ce matin, ce serait l'enfer. La journée sera longue au magasin; pas beaucoup de clients. Certains n'oseront pas braver la tempête, et les autres seront occupés à déblayer leur entrée, dégager l'auto ou pelleter la cour. Au retour, ce soir, ce sera mon tour. Après avoir conduit ma voiture dans la gadoue "slush" pour revenir du travail, il faudra finir le déblayage du matin et enlever l'accumulation de neige laissée par la charrue au cours de la journée. Puisqu'on prévoit une accumulation totale de 30 centimètres.
Ce n'est que demain que nous verrons les effets magiques de la tempête sur le paysage. Elle
aura laissé sa signature sur la forêt, les champs, la rivière et le fleuve. Le soleil fera
briller chaque cristaux de neige, comme pour nous aveugler et nous émerveiller à la fois.
Le village prendra une allure de conte de fée avec ses bancs de neige gigantesques et les
congères démesurées prêtes à tomber, comme une avalanche, du toit des maisons. Je profiterai
sûrement de ces conditions particulières pour aller prendre quelques photos avant d'aller
travailler.
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